Sale Pierrot, c’est ce gars qui dans son testament invite ses amis à profiter de la vie, comme le dit si bien le poème de Gaston Couté. Sale Pierrot, c’est quatre piliers de comptoir convaincus de leur grande utilité. Après tout, un pilier de comptoir, c’est quelqu’un qui accepte de se noyer dans l’alcool pour éviter que le bar ne coule.

Sale pierrot, c’est surtout un quatuor spécialiste de la chanson braillée et débraillée qui chante l’alcool, la révolution, les femmes et surtout les copains qui rendent la vie plus supportable.

Pierrot dit “Bonnet d’âne”: Anarchiste à corde. Autodidacte de la contrebasse, il s’est tourné vers le nord pour rechercher les sons rock et funk qui l’ont bercé dans sa jeunesse. Il tente depuis de savoir qui de ses doigts ou des cordes de sa contrebasse céderont en premier.

Pierrot dit “Les mains pleines” : Boutonneux à bretelle. Un beau jour, ou peut être une nuit, il a mis son sac sur le dos, la route sous ses pieds et est allé apprendre l’accordéon là où il se joue, plus spécialement en Amérique du Sud. Il y a récolté au creux de son oreille, le forro, la cumbia et une multitude de valses. C’est sans doute la raison pour laquelle il sourit tout le temps.

Pierrot dit “Lulu La nantaise”: Bougon à casquette. Voyant qu’il avait le tic des grands guitaristes qui tirent la gueule pendant leur solo, il a décidé de s’y mettre. Il a mis le cap à l’est où il a laissé ses mains apprendre le swing débridé des folles nuits roumaines.

Pierrot dit “Mach’angoisse”: Brailleur Débraillé. Lui n’a pas bougé de son comptoir, noircissant de fautes et de ratures des carnets maintenant illisibles. Il reste convaincu comme Gregoire Lacroix qu’« au bistrot comme en poésie, un seul vers ne rime à rien. »

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